/Opinions eclairées

31 mars 2024

En toute impertinence !

La « loi de Parkinson » m’a mérité ce commentaire d’un (grand) ami :

« À mon humble avis, il se constitue un état pour répondre au principe de subsidiarité : l’État fait ce que les citoyens ne peuvent faire seuls.

Exemples : l’armée, la justice, les infrastructures, etc.

Pour autant, l’État ne doit pas déborder de son cadre indiqué ci-dessus. Et un état peut être totalitaire, surtout s’il se donne des compétences abusives. »

Bien sûr. Oui, mais !

Rappel : pas d’état sans administration. Mais, loi de Parkinson, une administration augmente inéluctablement ses effectifs d’au moins 6 % par an. Donc, tôt ou tard, inscrit dans ses gènes, trop d’administration, et mort de l’état.

Mais, me dira mon ami, et la quasi-totalité de tout le monde, sans état, comment faire ? (Allo, maman bobo ?)

Je me propose d’approfondir cette dramatique question dans un prochain billet, mais en attendant, quelques remarques aussi pertinentes (à mon avis) qu’impertinentes (à votre avis).

Vous me défendez qu’il faille de l’état pour au moins les sujets les plus importants. Mais c’est précisément là où je ne vous suis pas : en effet, l’état faisant tout mal, ce sont précisément les sujets importants qu’il ne faudrait surtout pas lui confier : la justice, l’armée, la monnaie… Et de fait, là, comme partout ailleurs, « rien ne va plus » …

Les infrastructures ? Une idée bien établie est que les grandes infrastructures ne pourraient pas s’envisager en dehors de l’état.

Parce que personne ne se souvient que ce sont des sociétés strictement privées qui ont initié, sans l’aide de qui que ce soit, les voies de chemin de fer. Des sociétés (cinq en France, plus encore aux États-Unis) qui non seulement gagnaient de l’argent, mais aussi payaient très bien leurs salariés, offraient des trains qui rivalisaient de confort et de luxe…

En France, comme aux États-Unis, et sans doute partout ailleurs, ce n’est pas parce que ces sociétés privées perdaient de l’argent qu’elles ont été « nationalisées », mais tout au contraire, parce qu’elles en gagnaient beaucoup. Et bien sûr, l’état a immédiatement et définitivement remédié à ce scandale, comme chacun sait.

Les plus importantes sociétés pétrolières du monde ont toutes un point commun : moins elles comptent d’état dans leur capital, plus elles sont bénéficiaires. Et réciproquement.

Les partisans de toujours plus d’état, comme ceux qui prônent un état minimum, sont au moins d’accord sur cela : il faut, d’urgence, réformer l’état, car tel qu’il est, il ne fonctionne plus.

Mais le mauvais esprit que je suis de plus en plus préfère garder pour lui cette question de fond : un état est-il réformable ?

6 Commentaires

  1. Roland de PHILY

    Il y a un moyen, à mes yeux, de diminuer la bureaucratie, c’est de supprimer les fonctionnaires comme en Suisse depuis 2012 .
    Il y a un Code du travail pour le privé . Il s’étendrait aux salariés de l’Etat .

    Réponse
    • Michel Georgel

      Là, nous sommes complètement d’accord. Ce qui ne sera pas vraiment une surprise pour toi… Merci pour ton commentaire !

      Réponse
  2. Sébastien MILLERAND

    Cher Monsieur,
    Lecteur de longue date du blog « Témoignage Fiscal » et y collaborant à mon tour depuis peu (au moyen de la rubrique documentaire et anthologique : « Henri Dumas vérifié »), je n’avais pas un seul instant soupçonné que les billets signés du nom de Michel GEORGEL émanaient bel et bien du petit-fils… de Gaston GEORGEL, auteur que mon défunt père, Jean-Pierre MILLERAND, libraire à Bordeaux de 1974 à 1998, m’avait fait lire dès mon adolescence ! Il ne pouvait d’ailleurs que me le recommander puisque, détail peu banal (c’est le moins qu’on puisse dire) : il avait accroché dans l’arrière-boutique de son magasin un portrait photographique de…René Guénon (correspondant et ami de votre grand-père), sous lequel j’ai longtemps fait mes devoirs d’écolier et ma mère, sa comptabilité !
    J’ai beaucoup pensé à Gaston GEORGEL pendant les confinements : en effet, vous souvient-il qu’il avait donné dès 1947, la date de 2020 comme une échéance importante ? Vous avez bien raison de rappeler dans votre chronique du jour le glorieux passé d’indépendance de nos chemins de fer. Il faut consulter sur cette question particulière les passionnantes études de l’avocat à la Cour d’Appel, Paul DELOMBRE, ami de Gustave LE BON, publiées à la fin du XIXe siècle chez DENTU, telles que : « L’Etat et les tarifs de chemin de fer » ; « L’Etat et les Compagnies de chemins de fer » ; « Les Chemins de fer devant le Parlement », etc.
    J’ai pris plaisir à découvrir votre site personnel et m’y suis récemment abonné.
    Bien respectueusement. Sébastien MILLERAND

    Réponse
    • Michel Georgel

      Il est difficile de vous exprimer combien votre commentaire me touche. J’ai, comme vous l’avez constaté, une immense admiration pour mon grand-père, mais j’ignorais ce que vous me racontez concernant votre père. Je vous remercie par conséquent de votre témoignage.
      Je vous encourage à continuer de vous exprimer sur Témoignage fiscal, vos articles sont très enrichissants.
      Merci encore, très amicalement !

      Réponse
  3. Durey

    Je sui un peu sceptique quand tu dis sans état de grande scompagnies ont fait des choses admirables ! Mais pourquoi ? Parce que une personne était à l’initiative de cette réalisation ce qui prouve un peu qu’il faut un chef pour penser réaliser et entraîner Par contre
    On ne peut laisser les initiatives au peuple car le peuple ne serait jamais d’accord et se battrait pour obtenir gain de cause !

    Réponse
    • Michel Georgel

      Un meneur, un chef, bien sûr, je n’ai jamais dit le contraire.
      Mais l’État, c’est tout à fait autre chose.
      On peut suivre un chef, mais on le fait toujours plus ou moins volontairement.
      C’est tout à fait différent pour l’État, qui peut vous contraindre autant qu’il le souhaite…
      Quant au fait de dire il ne faut pas s’en remettre au peuple, ce n’est pas exact, et je le démonterai dans un article écrit il y a une dizaine de données, que je vais donc actualiser.
      Merci, par conséquent, pour ce commentaire, qui me conduit à préciser ma pensée…

      Réponse

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