Tous mes chevaux sont morts,
Et leurs sabots crevés,
Faudrait que j’aille à pied,
Mais je suis fatigué.
Je vous attends, Madame,
Que l’on voit en dernier,
J’ai trop usé mon âme,
Je ne peux plus marcher.
Je suis parti d’ici,
Pour mille autres pays,
Je cherchais des chansons,
Je n’ai pas fait moisson.
Lorsque j’m’en retournâmes
À mon premier pays,
Z’avaient marié ma femme
À mon meilleur ami.
Z’avaient marié ma fille
Vec le gosse du curé,
Z’avaient fait de mon fils
Un petit emprunté.
Quand je suis revenu,
Ils ne m’ont pas reconnu,
Ils m’ont dit : t’es pas toi !
Toi, t’es parti là-bas.
Ils m’ont dit d’men aller,
Ils m’ont jeté des pierres,
Mais qu’est c’que ça peut m’faire ?
Y n’ont pas su m’tuer.
Je ne suis plus personne,
Je n’ai mêm’pas de nom,
Ils m’appellent l’ivrogne,
C’est pour passer mon temps.
Mes chevaux sont crevés,
Mais je gagne quand même,
Dans la nuit de mes rêves,
Je les fais galoper.
Sainte Vierge Marie,
Qu’on dit Madone tendre,
Venez, faites-moi prendre,
Je suis lassé d’ici.
Paris 1976
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