C’est la fin de l’année, et l’heure des actes de contrition : que penserons nos enfants de l’histoire du désastre que nous sommes en train d’écrire ?
Cette fois, c’est parti, nous vivons une époque formidable ! L’INSEE prévoit l’année 2015 sous les auspices de la croissance, les innombrables et excellentes mesures prises par notre gouvernement vont produire leurs effets, et ne serait-ce obligations de laïcité, on pourrait annoncer l’année 2015 comme l’année de Noël tous les jours pour tous… Et mieux, ou peut-être bien normal : la cote de popularité de notre président remonte dans les sondages ! D’ailleurs, ceux qui l’approchent nous le décrivent comme détendu et joyeux, enchaînant les mots d’esprit : le ravi de l’Élysée !
Le projet du mois : la loi Macron ! Plus de 100 mesures aussi diverses que variées pour améliorer notre quotidien ! Ce n’est plus une loi, c’est un feu d’artifice ! Une promesse d’enrichissement personnel pour tous !
Un exemple, par exemple : les frais de notaire, que la concurrence va faire fondre comme neige au soleil. Formidable ! Au fait, les frais de notaire vont-ils dans la poche de notaires ? Oui, enfin pas vraiment : ces derniers en reversent quelque 84 %, sous formes diverses, à l’état. On va donc réduire ces 84 % ? Ah mais non ! Ça, c’est le dur, le cœur du système ! Pas question d’y toucher. Alors les économies, c’est seulement sur ce qui reste ? Sur 16 % ? Voilà qui douche un peu mon enthousiasme ! Il se trouve que j’ai acheté il n’y a pas très longtemps… une place de parking ! Et pour l’achat de cette simple place, une telle liasse de documents qu’il eût fallu les répartir sur au moins dix épaisseurs, si l’on avait voulu les étaler sur mon parking ! Et finalement, le prix payé par page au notaire se rapproche dangereusement… du prix du papier ! La concurrence permettra peut-être des économies sur le prix d’achat du papier, mais bon ! Pas de quoi toucher réellement à la facture !
Et les autres mesures ? Ben, c’est un peu toujours la même chose ! « C’est le millième de ce qu’il faudrait faire », a déclaré un expert, puisqu’il s’agit de Jacques Attali lui-même. Le millième, bon, c’est déjà ça, il faudra s’en contenter.
À dire vrai, pourtant, c’est l’architecture même qui semble bancale : une loi qui s’attaque à la rente, aux rentes ! C’est trop fort ! Mais sans toucher, même d’un centime, au lourd de la rente : élus, hommes de l’état, politiques, tous leurs copains, syndicats, parafonctionnaires, et… salariés ! (Oui, je sais que je vais faire bondir plus d’un de mes amis, mais c’est un fait : une personne payée en fonction, non du travail qu’elle produit, mais d’un statut éminemment protecteur est plus proche de la situation du rentier que celle du producteur.) Mais les autres rentiers, ça représente quoi ? 1 %, 0,1 % du gros de la masse ? Et puis ces rentiers sont-ils tant rentiers que cela, ou plutôt des boucs émissaires ? Or l’histoire nous apprend que le sacrifice des boucs fait plaisir à tout le monde, mais ne change rien aux problèmes des chèvres et des moutons (des électeurs et des contribuables, si vous préférez) : ce sera comme les économies de papier des notaires, ça ne va pas changer le cours des affaires…
Allons bon, je le reconnais volontiers, je ne suis qu’un petit patron aigri qui ne comprend rien à la macro. Je veux dire la macronéconomie, bien sûr. Limité que je suis à mon petit horizon, où je ne vois que des clients toujours plus pauvres et de moins en moins capables de m’enrichir, ou même seulement de m’entretenir, Et où, même avec une loupe, je n’arrive pas à trouver le moindre allègement de charge sur les comptes d’exploitation que me produit mon comptable chéri.
Parce qu’au fond, je le reconnais volontiers, tout cela n’a désormais plus aucune importance ! À cause de qui ? À cause de Mario. C’est drôle, je trouve qu’on n’en parle pas tellement de Mario. Pourtant, Mario est celui qui va changer le monde. Ou tout au moins l’Europe. Ou tout au moins l’Europe des fauchés. Parce que Mario l’a promis : à compter de janvier 2015, il achète sans compter, pour pas moins de 1000 milliards de dettes des états européens ! Parole de Mario ! À peu près autant, ou peut-être plus que tous les déficits de tous les états européens ! Ne cherchez plus, de la fausse monnaie, il y en aura pour tout le monde !
– Il n’a pas le droit de faire cela, tous les traités le lui interdisent !
– Mais c’est là que l’on voit combien Mario est fort : les traités, il les traite exactement comme le veulent les socialistes français ! Les traités, c’est fait pour ne pas être respecté !
Ah bon ! On comprend mieux le sourire ravi et rassuré de notre président, le contentement ferme comme bois de sapin de notre ministre de l’économie, et la mâle assurance de notre premier ministre et de tous les autres ! Je vous le disais, c’est Noël pour tous ces messieurs : plus aucun souci de financement, plus aucune nécessité de vraies réformes et cela jusqu’à la fin du quinquennat ! Vous ne seriez pas contents, vous, dans une telle situation ?
Une telle manne, mécaniquement, cela va effondrer (encore plus) les taux d’intérêt, avec les conséquences que l’on sait. Des taux trop bas, plus personne n’aura intérêt à prendre le risque d’investir dans « l’économie » réelle : pas d’investissements, pas de croissance, toujours moins d’emplois, récession durable en perspective… mais tout ça, c’est pour le bas peuple, qui de toute façon n’y comprend goutte. Pour les gens du château, et tous leurs amis, la fête continue, toutes voiles sorties !
Oui, bien sûr, il faut tout de même surveiller l’habillage. Le budget apparent du pays. Pour les agences de notation ? Non, il y a longtemps que plus personne ne les écoute. Et puis de toute façon, le ministre des écoles va interdire les notes. D’ailleurs, les prêteurs manifestent une immense confiance en notre pays ; ne disposons-nous pas du meilleur système fiscal au monde ? Capable de faire rendre gorge, le moment venu, à tout ce qu’il faudra de « riches » ? Non, mais ce qu’il ne faudrait pas, c’est trop humilier Bruxelles, en affichant trop ouvertement le mépris pour nos engagements que nous ne tenons pas ! Boaf, les petites macrounnettes feront l’affaire. Et puis, si nécessaire, d’obscurs fonctionnaires dévoués en imagineront de nouvelles : Bercy beaucoup, Bercy d’avance !
Et de fait, tout cela n’intéresse personne ; le sujet du moment, c’est Zemmour ! Zemmour, toute la meute à ses basques ! Pour des propos dont la personne qui les avait rapportés a déclaré qu’il ne les avait pas tenus ! Peu importe, la meute est lâchée ! De toute façon, Zemmour a écrit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, ou tout haut : avec un millier de djihadistes français avoués par le gouvernement, c’est-à-dire dans la réalité, à l’évidence beaucoup plus (le double ? le triple ? plus encore ?), l’immigration, une chance pour la France ? Pour quelle France ?
Mais attention, il ne faut surtout pas stigmatiser une « certaine partie de la population » ! Pourquoi pas après tout : il n’y a aucune nécessité de stigmatiser personne. Il suffit d’ouvrir les yeux. Dans de plus en plus d’endroits au monde, le sang qui coule est celui de chrétiens, pour l’essentiel, mais aussi de Juifs, de Yazidis, et même d’incroyants. Mais pour les couteaux, ne cherchez pas, ils sont tous de la même religion.
Maintenant, je vous pose une question : quand nous serons entrés dans les livres d’histoire, qui nos enfants et nos petits enfants jugeront-ils les plus menteurs et les plus responsables des désastres en cours et de ceux qui s’annoncent ? Les musulmans, qui, ayant annoncé ce qu’ils allaient faire, abondamment décrit et recommandé dans leurs livres religieux, font effectivement ce qu’ils ont annoncé et qui leur est recommandé par leurs livres religieux ? Ou les dirigeants politiques et les hommes de médias, qui auront obstinément menti au peuple et nié, même à l’épreuve des faits, que les musulmans étaient déterminés à faire ce qu’ils annonçaient vouloir faire, et qui leur est recommandé par leur religion ? Zemmour ou la meute des « bien-pensants » ?
Paris, le 22 décembre 2014
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