Sur la rade sans vague
Les bateaux sont mouillés
Les vieux marins divaguent
Gardant les dents serrées
Pour cacher à leur âme
Et ne pas l’écœurer
La vague de vague à l’âme
Et pour ne pas pleurer
Par les matins en rade
Par les jours sans courrier
Comme les chiens malades
En chasse d’amitié
Le cœur à fond de cale
Et puis pourquoi parler
Aux putains dans un rade
On ira se soûler
Viendra bien la tempête
À crever les corps morts
Les vagues qui font fête
Au nez du bout-dehors
La marée de salpêtre
Le grand vent qui endort
Les vilaines défaites
On va virer de bord
Par la fille du quai
Où j’ai repris l’aussière
Juste avant de sauter
La dernière croisière
Parti pour naviguer
Jusqu’au fond de la mer
Je crois qu’elle souriait
À crever la misère
Par un sourire de fille
Qui n’aura même pas su
Qu’un maudit en guenille
Est sauvé d’avoir vu
Toute la joie qui brille
Pour une âme déçue
On peut quitter la vie
Puisque l’on vous a vue.
Paris, juillet 1980
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