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Le texte :
Méline capturée ?
Paul est en fuite ; accompagné de sa femme, Méline, il a trouvé refuge dans une ferme, en haute montagne. Refuge qui se révèle bien fragile, cependant ; un soir, peu avant le coucher du soleil, l’équipe qui l’a accueilli se rend compte que la ferme est cernée ; on profite de la nuit pour mettre Paul à l’abri, plus haut dans la montagne ; mais au petit matin, les forces de l’ordre interviennent et procèdent à une fouille minutieuse des locaux.
La fouille de la chambre de Méline se trouve très vite interrompue : après quelques instants, c’est la table de nuit à côté du lit qui retient l’attention et plus précisément les boîtes de médicament qui y sont déposées. Celles-ci sont soigneusement photographiées.
Puis les hommes de l’État annoncent mettre fin à la perquisition. Tout le monde se rassemble une nouvelle fois dans la grande salle, et l’individu que Méline s’obstine à appeler Serge, et qui est manifestement le chef du détachement, prend la parole pour annoncer :
— Nous venons d’adresser les photos des médicaments à nos spécialistes. Ils sont formels, Méline, qui n’a pu nous montrer la moindre ordonnance, doit être hospitalisée en urgence absolue dans un centre spécialisé, et nous allons nous occuper de cela. Méline, vous allez donc nous accompagner.
Fort moment d’émotion ; personne ne veut laisser partir Méline, mais les hommes de l’état se montrent intraitables. À ce moment, Méline ramène le calme en déclarant :
— Pas de soucis, je vais accompagner ces messieurs, comme ils le souhaitent. Je demande juste à passer un instant dans ma chambre pour rassembler quelques effets personnels.
Demande acceptée, mais les hommes de l’état exigent d’accompagner Méline, qui, geste gracieux et sourire enjôleur, n’y voit aucun inconvénient. Ils sont quatre, dont deux en civil.
Une fois dans la chambre, Méline ne rassemble aucune affaire, mais va jusqu’à la porte-fenêtre, qu’elle ouvre en grand.
— Où allez-vous ?
Toujours ce sourire enjôleur de Méline !
— Regardez : le parterre devant la fenêtre est un champ de myosotis. Une poignée de fleurs pour me tenir compagnie dans ce monde où vous allez m’emmener, trois minutes, j’en ai pour trois minutes.
Les hommes de l’état haussent les épaules et surveillent du coin de l’œil la gracieuse jeune femme qui glane ici ou là des fleurs pourtant rares… Soudain, ils prennent conscience, sans en avoir l’air, Méline est maintenant tout au bord de la falaise.
— Madame, revenez immédiatement, crie leur chef, faisant mine de courir vers elle.
Méline se retourne alors, toujours gracieuse, mais aussi incroyablement ferme !
— Un pas de plus, Serge, et je m’envole à l’instant avec mon bouquet ! Tes hommes et toi pourrez toujours rechercher ma dépouille en bas de la falaise, mais cela ne vous avancera pas beaucoup, et de mon bouquet, le meilleur de moi-même, il ne restera pas grand-chose !
Les hommes de l’état restent figés, paralysés, incertains ! Méline mettrait-elle réellement sa menace à exécution ? Soudain, ils comprennent que oui, la jeune femme est prête à sauter dans le vide.
— Méline, tu ne peux pas défier ainsi les lois de l’état. Nous avons ordre de te conduire dans un hôpital public, tu dois te soumettre.
— Voilà qu’à présent, tu te permets de me tutoyer, Serge ? Tu en as définitivement perdu le droit, et je te l’interdis. L’euthanasie dans ce que tu appelles un hôpital public ou le dernier grand vol de la liberté, j’ai fait mon choix ! Quittez sur le champ ma prairie et mon studio, ou je prends mon envol !
Murmures de concertation du côté des hommes de l’état.
— On charge, elle ne sautera pas, au dernier moment, réflexe de survie, pour ne pas dire de bon sens ! Et puis qu’importe, le suicide, ce sera son choix, on ne pourra rien nous reprocher !
— Malheureux, à vous comme à moi, on reprochera d’avoir trahi le principal de notre mission, la mise hors d’état de nuire du complotiste Paul Dokar. La femme suicidée, nous perdons toutes nos chances de retrouver la piste de cet individu. Et cela pourrait nous coûter cher à nous tous. Pour l’instant et dans l’attente de nouvelles instructions, que je vais demander, nous ne devons rien faire qui puisse mettre en danger la vie de cette femme.
— Il a raison intervient l’un des hommes en civil. Cette femme est un otage. Notre monnaie d’échange.
— Monnaie d’échange ?
— La vie de la copine contre la reddition de Dokar, c’est aussi simple que cela.
Méline vient mettre un terme aux tergiversations :
— Messieurs, je me fatigue, en équilibre au bord de ma falaise ; et puis, je suis très sensible au vertige, je sens que je tourne.
À ce moment, quelqu’un pousse la porte de la chambre. Un homme fait son entrée et marche jusqu’à l’entrée de la terrasse clairière, puis là se tourne lentement, calmement vers les quatre hommes demeurés dans la chambre. Ceux-ci découvrent alors que le nouveau venu tient posé sur son bras gauche un fusil de chasse, tandis que le doigt de la main droite est à l’évidence posé sur la détente. En fait, l’homme est prêt à tirer.
— Ce que vous êtes en train de faire est très grave, un acte séditieux, déclare d’une voix mal assurée le dénommé Serge.
— Ne te fatigue pas, Serge, intervient Méline, il s’agit de l’un des deux hommes désignés tantôt par Kacie, qui vient de nous rejoindre, il est sourd et muet. S’il te plaît, je n’en peux plus, quittez la chambre, et même la ferme, sinon, je vais tomber d’épuisement.
Sur la route des myosotis
De Michel Georgel
En savoir plus sur ce roman, se le procurer version brochée ou numérique :
https://librairie.audreco.com/book/sur-la-route-des-myosositis
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