vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=GL2HTkHk5E0
Photos : Michèle Georgel

Dit comme cela…
En réalité, et comme exposé dans mon précédent billet, la gestion du canal est assurée par un organisme d’état, hors de portée, du moins apparemment, de tout appétit chinois. En revanche, les deux ports aux deux extrémités du canal, Balboa et Cristobal, sont en effet gérés par deux concessions appartenant à un milliardaire chinois, et il faudra certainement beaucoup plus de 24 heures pour y changer quoi que ce soit ; au minimum un an, les concessions étant à renouveler en effet, en 2026. Mais, comme vous l’imaginez, il s’agit de contrats commerciaux : d’éventuels changements de concessionnaire ne se feront pas sans douleurs financières, assorties de négociations compliquées et autres chinoiseries plus ou moins secrètes.
Une question que je n’ai pas abordée : Donald pourrait-il réellement reprendre le canal ?
Par des moyens militaires, cela ne fait aucun doute, cela lui prendrait quelques jours, sinon quelques heures. Le Panama n’a pas d’armée, pas de réels moyens militaires, et pareillement pas d’alliés susceptibles de s’opposer pratiquement à une invasion.
Comment réagiraient les Panaméens ? Opposition locale unanime, vous récitent vos médias. Pas si simple, cependant. En fait, sur ce sujet, les opinions sont extrêmement tranchées, et parfaitement inconciliables.
En effet, à l’évocation d’un retour américain, un étroit 20 % de la population grimpe aux rideaux, au comble de l’indignation. Qui sont ces 20 % ? En gros, ce qui ressemble à la classe oligarchique chez nous. Je ne détaille donc pas.
Et donc, 80 % en gros des Panaméens affichent réellement souhaiter le retour des soldats américains et le disent ! Cela peut surprendre, mais c’est un fait.
Leur point de vue : le canal irrigue, c’est certain, les finances panaméennes. Mais l’opinion commune est que le « ruissellement » engendré par le canal se trouve très vite filtré et asséché par les 20 % évoqués ci-dessus et n’arrive qu’au compte-gouttes, voire pas du tout, aux 80 %. Vrai, partiellement vrai, partiellement faux, ou complètement faux, peu importe, aucun doute en tout cas sur ce sentiment collectif.
Avant la cession du canal, 35 000 Américains vivaient au Panama. Militaires ou civils occupés par le canal, les uns et les autres disposaient de rémunérations conséquentes, dépensées, au moins en partie, directement dans ce pays qui comptait alors un peu moins de trois millions d’habitants.
Les Américains ont construit des cités entières de très belles habitations de type colonial, espaces de vie gagnés sur une jungle tropicale luxuriante et magnifique (par exemple, Amador en face de Panama City, Gamboa, entre le lac Gatun et le Rio Chagrés, la zone de Fort Sherman, côté atlantique, en face de Colon). La jungle est restée, mais beaucoup de ces très belles demeures sont désormais inhabitées et donc abandonnées et en voie de délabrement, ce qui est réellement un spectacle affligeant.

L’idée qu’un retour des forces américaines permettrait un meilleur ruissellement de l’argent vers les classes moins aisées, mythe, illusion, ou réalité ?
Cependant, les Américains n’ont pas tant que cela déserté le Panama, puisqu’ils y sont encore aujourd’hui au moins 25 000, les uns retraités, d’autres occupées à l’ingénierie du canal. Mais la plupart d’entre eux n’habitent plus les cités du passé, à l’exception, dans une certaine mesure, d’Amador et de Gamboa.
Peu importe, Donald menace, mais il ne reprendra pas le canal, car le problème n’est pas de reprendre le canal, nous l’avons vu, mais de le défendre. Et pour le défendre, comme pour l’attaquer, plus besoin aujourd’hui de vingt ou trente mille hommes : une poignée de bataillons, équipés de ce qu’il faut d’équipements antimissiles et anti-drones, seront une réponse bien mieux adaptée. Pour le ruissellement comme pour la réhabilitation des maisons, il faudra sans doute trouver autre chose.
Mon opinion (qui n’engage que moi) est que le destin du canal se joue peut-être beaucoup plus à… Taiwan que nulle part ailleurs… j’y reviendrai !
Quelques photos de Gamboa : Certaines maisons sont réhabilitées et habitées, d’autres non…




Instructif!!!
Merci !