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Le texte :

Le sage sans nom est toujours solitaire, en haut de sa montagne. Les deux journalistes, une femme, un homme, lui rendent une nouvelle visite.
Le sage sans nom : Jeunes gens, bonjour ! Alors, quelles sont les nouvelles du front ?
La journaliste : Par où commencer ? Il se passe tant de choses. Au hasard : plusieurs responsables de sites ont été lourdement sanctionnés par l’Union européenne. Leurs comptes bancaires, leurs biens immobiliers et leurs valeurs mobilières sont saisis, ils ne peuvent plus percevoir de fonds de citoyens ou d’entreprises européennes et il est fait interdiction de se déplacer en Europe.
Le sage sans nom : Du lourd, n’est-ce pas ? Par cet acte, l’Europe montre en tout cas la réalité des pouvoirs !

Le journaliste : Votre commentaire ?
Le sage sans nom : Le vôtre ?
Le journaliste : À l’évidence, voilà qui va refroidir l’ardeur de nombre de complotistes.
Le sage sans nom : Pas sûr. Mais réduire sérieusement le nombre de leurs lecteurs, terrorisés qu’on les assimile de près ou de loin à ce qu’ils lisent, bien possible en effet ! Ce qui est certainement, d’ailleurs le but réel recherché. Sinon, à quoi bon combattre des parutions somme toute presque confidentielles ?

La journaliste : Bon, changeons de thème. Le chef de l’état vient d’annoncer offrir un nouveau porte-avions à la France !
Le sage sans nom : Un porte-avions ? Pour quoi faire ?
La journaliste : La Russie ! Il faut se préparer à résister à l’agression russe !
Le sage sans nom : Résister à la Russie avec un porte-avions ? D’abord, un seul porte-avions, pas très convaincant. Que se passe-t-il quand le navire est en maintenance ou en carénage ? Mais surtout, qu’avons-nous à craindre de la Russie ? Notre dissuasion nucléaire ne nous met-elle plus à l’abri de toute agression ?
La journaliste : Ce n’est pas une raison ; il ne faut pas seulement penser à nous, il faut penser aux autres !
Le sage sans nom : Vous êtes grande et généreuse, Mademoiselle. Mais je ne peux m’empêcher de rappeler ce conseil donné par le César de Marcel Pagnol à son fils Marius : « Laisse un peu mesurer les autres ! »… De toute façon, tout le monde a bien le temps, les Russes avancent, nous dit-on, mais si lentement…

Le journaliste : Il paraît qu’il faut cependant prendre garde. Les Russes avancent lentement, mais il n’est pas impossible qu’il s’agisse de stratégie plus que de capacité. Ils montrent de plus en plus souvent leurs moyens en hypervélocité ; mais beaucoup de citoyens russes demandent, plus ou moins ouvertement : ces moyens, pourquoi les autorités ne les utilisent-elles pas plus ? Dans un premier temps, on n’a pu penser qu’elles ne les utilisaient pas, parce qu’elles n’en disposaient pas réellement. Plus tard, la preuve a été apportée, les moyens existent et ils sont opérationnels. Pourtant, ils ont continué d’être utilisés avec une grande parcimonie. Pourquoi ? On commence de s’en douter : pas de production industrielle. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Rien de moins sûr. Aujourd’hui, les Occidentaux consomment plus de munitions qu’ils n’en produisent. Partout, les stocks sont en baisse. De plus, les usines de productions d’armes et de munitions sont anciennes et tous leurs emplacements connus de tous. Il semble que la situation soit exactement à l’inverse du côté des Russes : ils produisent plus qu’ils ne consomment, y compris en armes et munitions hyper soniques, et donc, quelque part, des stocks grossissent, mais à des emplacements toujours secrets. Et si les autorités russes entendaient patienter jusqu’à un déséquilibre irréversible, en leur faveur ? Qu’en pensez-vous ?
Le sage sans nom : Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que les Russes sont de redoutables joueurs d’échecs, et Poutine n’est pas seulement russe, c’est un remarquable judoka. Il faut se méfier des joueurs d’échecs, comme des judokas. Alors un joueur d’échecs judoka…

Le journaliste : Bon, tout cela, pour moi, bavardages. Le pire, ce sont les sondages. Le parti de la haine et de l’exclusion, numéro un, gagnant dans tous les cas ! Effarant !
Le sage sans nom : Vous ne devriez pas vous inquiéter. Le système pousse la patronne du mouvement vers la sortie, et je vous fiche mon billet que cela ne changera pas !
Le journaliste : Mais c’est déjà prévu, le jeune coq à sa place, donné gagnant à la grande élection, dans tous les cas.
Le sage sans nom : Ce qui devrait, définitivement, vous rassurer ! Jamais le système ne le laissera réellement gagner. S’il peut marcher jusqu’à l’élection, c’est qu’on a la certitude qu’il y sera battu. Ou alors, on le laisse gagner pour mieux le perdre !
Le journaliste : Que voulez-vous dire ?
Le sage sans nom : Il gagne ? 15 jours, tout au plus ! À peine le résultat de l’élection connu, un bon quart de la population dans la rue, avec comme colonne vertébrale, tous les mouvements violents efficaces en action. Dans la foulée, grève générale, mobilisation de toutes les forces de gauche, chaos institutionnel généralisé. Le jeune coq, plus ni plumes ni crinière, à la casserole… L’actuel pouvoir, de retour en sauveur public, majorité écrasante, le tour est joué !
La journaliste : Je vous trouve bien optimiste.
Le sage sans nom : Si vous voulez, on appellera cela de l’optimisme.

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