/Opinions eclairées

30 juin 2014

La proie pour l’ombre

Les Français, toujours plus nombreux, se défient totalement de leurs représentations (politique, syndicale…), mais aussi de l’essentiel du monde des médias. Leur sentiment profond : que les uns et les autres produisent autant de bruit qu’ils peuvent sur l’écume des faits, pour mieux occulter leurs fondements, et soigneusement éviter ainsi remises en cause douloureuses.

Sont-ils injustes ? Essayons d’y penser un instant. Au hasard :

  • Les statistiques nous apprennent qu’environ 80 % des accidents ont lieu dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour du domicile des accidentés : « 74 % des accidents mortels ont lieu lors des trajets quotidiens ou de courte durée ».

(http://www.agpm.fr/conseils/prevention/conseils-prevention-routiere-le-trajet-quotidien.php

Qui voudrait réellement réduire le nombre de morts sur la route se pencherait donc en priorité sur la dangerosité de tant de routes secondaires que les usagers empruntent quotidiennement, au péril de leur vie, autour de chez eux. Mais non ! Ce serait en fait à la fois difficile, peu spectaculaire, et surtout peu rémunérateur, tant en termes de rançons fiscales que de bénéfice d’image pour nos (ir)responsables. On s’intéresse donc en priorité, pour ne pas dire uniquement, aux segments de route les moins dangereux et les plus sécurisés (et en priorité, nos autoroutes, pourtant parmi les plus sûres du monde), mais sur lesquels on a le plus de chance de piéger le plus de conducteurs. Avec en habillage – camouflage le petit couplet classique chanté avec une belle hypocrisie sur les « vies humaines épargnées », que précisément on n’épargne pas !

  • L’essentiel du potentiel d’emploi, qui ne le sait pas, ce sont les petites entreprises et tout particulièrement, les petites entreprises de service. La différence entre le nombre d’emplois en France dans le seul secteur des services et celui que le secteur compterait, si le taux d’emploi par habitant y était comparable à celui des États-Unis n’est pas loin de correspondre… au nombre total de nos chômeurs. Qui voudrait résoudre le problème de l’emploi essayerait d’abord de réapprivoiser à l’emploi nos petites entreprises, qui considèrent aujourd’hui, dans une immense proportion, qu’employer est le pire des risques et que c’est donc sagesse de ne s’y résoudre qu’avec la plus grande parcimonie. Mais non ! Tous les efforts, bizarrement qualifiés pactes, portent en réalité, uniquement en direction des grandes entreprises, qui ne représentent plus qu’une partie de l’emploi salarié, et dont le développement ne passe plus par l’emploi, mais par la robotisation.
  • Plus une journée, malheureusement, où nous n’apprenions qu’un acte antisémite grave, avec violence physique, vient de se commettre quelque part dans notre pays. Pas de doute non plus, ces actes répugnants sont toujours et systématiquement le fait de musulmans qualifiés d’islamistes. Qui voudrait réellement assurer aux juifs de France une légitime sécurité reconnaîtrait cette situation de fait, et en tirerait toutes les conséquences. Mais non ! Les seuls antisémites qu’il soit permis de dénoncer sont d’obscurs et introuvables nostalgiques dont l’analyse du niveau cérébral hésite entre diagnostic de débilité ou de sénilité (quand ce n’est pas des deux qu’il s’agit en même temps), nostalgiques uniformément qualifiés « d’extrême droite »… avec les thèmes trémolos récités en rengaine, « les heures sombres de notre histoire », « les dangers de la peste brune ». Mais savez-vous de combien d’attentats antisémites les personnes dites de droite ou d’extrême droite, toutes confondues, se sont rendues coupables depuis… 1945 ? Aucun ! Zéro ! Nada ! (« Il faut aussi noter que depuis la Seconde Guerre mondiale, tous les attentats antisémites en Europe ont été le fait du camp islamo-arabe, à l’exception d’attentats commis par Action directe et Carlos, qui sont d’extrême gauche. Jamais l’extrême droite n’a commis d’acte sanglant depuis 1945. » http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2014/05/la-belgique-est-une-terre-de-violence.html)
  • Un jeune voleur « multirécidiviste » se trouve rattrapé par des « amis » de l’une de ses victimes, qui lui règlent son compte avec une férocité effectivement barbare ; on pourrait regretter le délabrement de notre système judiciaire, dont nos citoyens savent pertinemment qu’ils peuvent compter autant sur lui pour les défendre que sur les phases de la lune, les invitant, quoi qu’on dise, à la tentation de « régler leurs comptes » eux-mêmes. Mais non ! On nous dénonce au contraire un acte raciste, imputable à notre société française. Ah bon ? Mais oui, bien sûr, puisque le voleur, parfaitement sédentaire pourtant, faisait partie de la « communauté des gens du voyage », que notre méchante société ne « veut pas intégrer ». Concerto des médias écrits et oraux en « Rom » majeur. Mais pas un d’entre eux pour signaler que ce lynchage, totalement improbable dans notre société, qui n’en pas du tout la culture, a été le fait d’une « bande » qui « règne » sur une banlieue de non-droit, où l’imprudent voleur a commis l’erreur de commettre son forfait. Et pour regretter, ne serait-ce qu’en bémol mineur, la réalité d’un multiculturalisme de fait et de zones territoriales où non seulement notre culture nationale n’a plus court, mais où notre droit n’a plus pratiquement « droit de cité » !
  • Dans beaucoup d’endroits parfaitement identifiés dans le monde, le sort réservé aux femmes ne peut que soulever l’indignation de tout esprit construit en culture judéo-chrétienne. Des mineures y sont contraintes d’épouser, parfois pour des périodes n’excédant pas ce que l’on appelle une « passe » chez nous, des maris, en fait des clients de leur parentèle. On pourrait imaginer que nos bons esprits s’indignassent de tant d’injustices, surtout lorsque tout indique que subrepticement, elles viennent à se produire, non pas derrière d’autres frontières, mais peut-être à l’intérieur des nôtres. Non, jamais. En revanche, la litanie bien rodée de l’inégalité uniquement chez nous entre hommes toujours machos et femmes toujours exploitées… avec la dénonciation répétée d’inégalités de salaires, qui restent pour moi un absolu mystère : trente-cinq ans d’expérience d’employeur ne m’ont toujours pas permis de comprendre comme nombre de mes collègues se débrouilleraient pour payer, à compétences et activités égales, les femmes moins cher que les hommes…
  • Et il y a mieux encore ! Un film récent, qui circule un peu partout sur le web, dénonce en effet ces mariages odieux entre mineures ignorantes et vieillards libidineux. Mais, acteurs, décors, accessoires ne laissent aucun doute : on est en occident bourgeois, dans une église chrétienne, autant dire dans un univers où une telle éventualité n’a tout simplement aucune chance de se produire ! Cas extrême : la « courageuse » dénonciation d’une situation qui ne pourrait matériellement avoir d’autre existence réelle que celle de phantasmes de cerveaux gravement perturbés.

Comment comprendre cette rage commune à ignorer les proies pour ne s’en prendre qu’à leurs ombres ? Je laisse aux psychologues, aux sociologues, aux experts le soin de discourir ; mais je me contente de noter qu’il est beaucoup plus raisonnable de hurler son rejet antinazi quand il n’y a précisément plus aucun nazi pour risquer de vous contredire, que de dénoncer les crimes communistes, quand il y a encore des communistes (et pourtant, 6 millions de morts par les nazis, mais… plus de soixante millions, par les seuls communistes chinois !), ou, plus dangereux encore, de s’indigner des crimes et attentats islamistes, quand précisément les islamistes sont désormais présents partout dans nos pays occidentaux : six ou huit cents combattants armés et dangereux, de l’aveu même de notre Président, qui nous signale cette situation presque comme une banalité !

Et puis, cette autre remarque. Les hommes qui précipitent notre pays vers sa ruine n’ont guère été élus que par une minorité de citoyens, et ne sont plus soutenus que par une minorité encore plus réduite aujourd’hui : il n’est donc pas si étonnant que cela que l’immense majorité des autres, qui se constatent complètement ignorés ou mieux, méprisés, par cette minorité, n’y trouvent pas leur compte.

Et pourtant, dans ce pays, le citoyen est beaucoup moins maltraité que ne l’est le travailleur, employeur ou employé ! Ce dernier (employeur, employé, ou seulement candidat à l’une de ces deux situations) a le sentiment de n’être pris en compte par personne. Il a raison : moins de 10 % des individus d’une population (« représentants » patronaux et salariés syndicalistes confondus) y imposent leur totalitarisme évolutionnaire (arbitrairement dénommé « code du travail ») à 90 % des autres, soigneusement muselés.

Les Français, toujours plus nombreux, se défient totalement de leurs représentations (politique, syndicale…), mais aussi de l’essentiel du monde des médias : ils ont raison.

Paris, lundi 30 juin 2014

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