/Opinions eclairées

30 septembre 2014

La guerre ou la « com » ?

Je rappelle le contrat que j’ai passé avec moi-même : ne dire ici que ce je ressens profondément, mais dont il me semble ne trouver l’écho nulle part. Dit autrement, je le dis parce que je crois qu’il faut bien que quelqu’un le dise… Et c’est particulièrement le cas du présent billet. 

Imaginons ensemble l’histoire suivante : morbide, j’en conviens, mais je n’ai trouvé aucun autre moyen de soutenir ma démonstration. Un père de famille reçoit un appel téléphonique ; son interlocuteur explique qu’il lui a enlevé ses quatre enfants, et qu’il est prêt à faire sauter sur-le-champ la cervelle de l’aîné d’entre eux, s’il n’est pas répondu favorablement et dans les plus courts délais, à telle injonction (peu importe cette injonction), puis raccroche.

Cette tragique situation se médiatise, une chaîne de télévision interroge le père de famille, et diffuse l’interview. Au cours de cette interview, le père explique, virilement à l’abri dans son appartement, que de toute façon, il est déterminé à ne céder à quelque chantage que ce soit, tandis que sa femme à ses côtés explique : « qu’elle n’a pas peur ! »

Petite question : même sans être fin psychologue, particulièrement averti des modes de pensée des psychopathes, quelles chances donnez-vous à cet aîné de la famille ? Ou dit autrement, que peut faire le psychopathe après une telle interview, s’il veut pouvoir continuer normalement sa carrière de psychopathe et ne pas se voir pris définitivement pour un pitre sans conséquence ?

Vous me direz que mon histoire n’est pas réaliste : aucune chance de trouver aucun couple de parents pour un comportement à ce point stupide. Et, à bien y réfléchir, je ne puis qu’être de votre avis. Soit. Cependant, modifions quelque peu les termes de notre scénario. Le père n’est plus un père, mais un président. La mère n’est plus mère, mais l’un de ses ministres. Il n’y a donc plus d’enfants, mais des citoyens. Et l’aîné de tantôt est otage, aux mains d’un groupe terroriste. Pour le reste, on ne change rien. Le président déclare au monde entier, c’est-à-dire à la télévision, que la « France », c’est-à-dire lui, ne « cédera à aucun chantage ». Et son ministre déclare haut et fort que la « France n’a pas peur » ! Et ma question demeure : quelles chances le ministre et le président ont-ils laissées à l’otage ? Avec cette autre question – subsidiaire : pourquoi personne ne l’a fait remarquer ?

Vous m’opposerez : mais qu’eût-il fallu dire ? Et si la bonne réponse à cette question était précisément celle-ci : rien ! Rien ? Oui, rien ! Silence du président, silence du ministre. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas, le cas échéant, de continuer d’agir, mais sans fanfare : qu’est-ce qui ressemble plus à un avion de combat, même français, appartenant à n’importe quel pays ayant acheté un avion de combat français, qu’un avion de combat français appartenant à la France ? Le terroriste s’interroge, bien sûr, mais il n’a pas de certitude. L’otage eût-il été sauvé pour autant ? Rien n’est moins sûr, c’est vrai, un psychopathe reste un psychopathe. Mais ce qui est tout aussi vrai est que le pire aurait été un peu moins certain.

Mais rien ne va plus, m’opposez-vous ! Si l’on agit sans fanfare et sans parler, à quoi bon ? Comment le bon peuple saura-t-il ce que l’on fait pour lui ?

« La France n’a pas peur », a dit le ministre. La France, quelle France ? La France des présidents et des ministres, sans aucun doute ! Celle qui vit à l’abri des palais, ne se déplace qu’en convois escortés, avec des gardes du corps comme des anges gardiens, sans ailes, mais avec scooters. Mais pas la nôtre ! La nôtre, monsieur le ministre, la mienne en tout cas, ne cache pas son souci, pour ne pas dire son angoisse. Pour nous-mêmes, un peu, pour nos proches, beaucoup ! Et notre fureur d’apprendre que tant d’incompétences successives ont laissé se développer sur notre territoire peut-être plusieurs milliers de tueurs plus ou moins prêts à l’emploi, de moins en moins contrôlés et de moins en moins contrôlables.

C’est vrai, il faut choisir : la guerre, ou la « com ». La guerre, celle que l’on veut gagner se prépare (toujours) et se conduit (aussi longtemps que possible) dans l’ombre. En guerre, il n’y a pas d’amis, mais seulement des alliances conduites au gré des opportunismes. En guerre, on s’allie avec des Poutine ou des Bachard, et cela quelque soit les sentiments que par ailleurs on puisse nourrir envers les Poutine et Bachard, quand ces Poutine et Bachard ont les mêmes ennemis que nous, et on se méfie terriblement de soit-disant amis, lorsque ces derniers ont été (et sont peut-être encore) les financiers de nos ennemis. Pas d’amis, donc, et c’est vrai, plus de coups à prendre que d’électeurs à gagner.

Tout le contraire de la « com » en somme. Mais la guerre et la « com » ont tout de même un point commun : l’une et l’autre tuent. Et, comme nous venons de le voir, la guerre, peut-être ; mais la « com », à coup sûr.

Paris, le 30 septembre 2014

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