Un sujet a fait l’actualité médiatique d’un moment : l’éventualité de l’allongement du congé pour décès d’un enfant de cinq à douze jours.
Pourquoi ce sujet maintenant ?
Ma première interrogation a été celle-ci : mais pourquoi ce sujet maintenant ? La réforme des retraites, le danger présenté par l’islamisme, la menace d’une crise économique majeure, les élections municipales prochaines… Autant de thèmes dont l’urgence paraît bien plus certaine !
Par ailleurs, les épisodes douloureux de la vie sont nombreux, la perte d’un enfant est l’un des plus difficiles ; mais sur l’échelle des stress, la perte du conjoint, nous disent les spécialistes, occupe la première place. Elle ne donne cependant « droit » qu’à trois jours de congé…
Avec cette question qui pourra paraître impertinente à beaucoup : est-on si certain que cela que des congés supplémentaires soient pour tout le monde et dans tous les cas la meilleure réponse à de telles épreuves ?
Cela dit, trois jours, cinq, douze, un mois pourquoi pas… Je n’ai pas d’avis pertinent, et dans un premier temps j’ai surtout pensé qu’il devait s’agir d’un sujet de diversion, sans beaucoup d’intérêt, jusqu’au moment…
Ce qui m’a fait bondir
Jusqu’au moment où j’ai compris, ce qui m’a d’abord paru absolument incroyable, qu’il s’agissait bel et bien d’un projet de congé à la charge de… l’entreprise !
Quoi ! Ce ne sont pourtant pas les instances paritaires qui manquent dans ce pays ! Mais que je sache, aucun débat récent entre patrons et salariés sur ce sujet ! La démarche habituelle est qu’un accord négocié soit ensuite « étendu », repris par la loi.
Rien de tel ici : le législateur s’arroge le pouvoir et le droit d’imposer à l’entreprise des congés que personne n’a demandés !
Pour faire parler de soi ? Pour occuper le terrain médiatique ? Pour éviter de parler d’autre chose ?
Pour moi, la lecture de cet épisode est très simple : une atteinte de plus, une atteinte insupportable, au droit de propriété. Pour nos politiques, l’entreprise n’est plus à ses propriétaires, c’est devenu une sorte de bien public ou commun, où toutes les pioches sont permises. Sans même que soient consultés, au moins pour avis, les futurs payeurs, les entrepreneurs (et eux seulement).
Revenir au bon sens
Et si c’était le moment de remettre à plat ce qui revient à l’entreprise et ce qui devrait être pris en charge par la communauté, d’une façon ou d’une autre ?
C’est pourtant simple : l’entreprise doit pouvoir maîtriser complètement et connaître parfaitement ses prix revient.
Les congés annuels calculés sur le temps de présence au travail sont parfaitement connus, et donc prévisibles.
En revanche, les imprévus, les aléas de la vie, ne devraient pas impacter les prix de revient, précisément parce que par définition ils sont imprévisibles. Ils peuvent faire l’objet d’une prise en charge par la collectivité, une assurance, ce que vous voudrez, mais ils n’ont rien à faire dans un compte d’exploitation d’entreprise : comment puis-je calculer mon prix de revient, si je dois intégrer par exemple le risque qu’une partie de mes salariées se révélant porteuses d’heureux événements, ce dont en tant que citoyen je ne peux que me réjouir, vont me coûter en plus de leur congé de maternité, sept jours d’absence pour visite médicale, comme je l’ai dénoncé dans un billet précédent ?
Une remarque qui vaut tout autant pour les quatre jours de congé pour un mariage ou les trois jours pour le décès du conjoint, du père, de la mère, d’un frère ou d’une sœur. Des congés, certes utiles ou nécessaires, mais qu’il est impossible d’anticiper dans un calcul du prix de revient, et qui ne devraient pas conséquent pas être à la charge de l’entrepreneur.
Certes, dans les grandes entreprises, de tels coûts se trouvent plus ou moins amortis par le nombre. Ce qui n’est pas du tout le cas des petites entreprises, qui sont donc à la merci de prendre de plein fouet des coûts totalement imprévisibles.
Humanité mal placée
À propos de cette mesure, usant et abusant de sentiments faciles, on a parlé « d’humanité ».
L’humanité, c’est très bien. Mais, et je sais que mon propos va choquer, mais je l’assume, l’humanité, ce n’est pas le problème de l’entreprise. Je ne suis même pas sûr que cela soit celui de la collectivité. Mon opinion personnelle est que pour l’humanité, mieux vaut compter sur sa famille et sur ses proches. Mais bon, si vous voulez de la collectivité, je ne m’y oppose pas.
Mais parler d’humanité, au financement artificiellement imposé à l’entreprise, un acteur qui n’en peut mais, c’est plus qu’une erreur, c’est indigne.
Qui mon propos vise-t-il ? Tous ceux qui, aux plus hauts niveaux de responsabilité, se sont livrés à ce racolage facile. La liste est longue et mon article petit, je n’en dirai pas plus : suivez seulement mon regard…
Paris, 10 février 2020
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