Le livre de Zemmour déchaîne la meute des bien-pensants ; faut-il s’en réjouir ?
Je disais dans mon précédent billet n’avoir pas lu et n’avoir pas l’intention de lire Madame Trierweiler ; plusieurs courriels d’amis me l’ont reproché ; pourquoi des courriels ? Plutôt que des commentaires auquel invite le blog ? Mystère ; peut-être mon blog n’est pas d’un usage assez convivial ?
Que disent ces courriels ? Du bien du livre. Certains m’expliquent y avoir découvert un monsieur très mal élevé. Une découverte ? Ah bon. D’autres, l’hypocrisie : les mêmes qui n’ont que les pauvres à la bouche dans leurs discours publics éprouvent en réalité, à l’égard de ces derniers, le mépris le plus répugnant. Une surprise ? Vraiment ? Un autre encore (suisse de nationalité, ceci expliquant sans doute un peu ce qui suit) s’est vu révéler la vie fébrile et factice, toute d’activisme forcené et d’absence de réflexion, de ce monde politique et médiatique uniquement occupé de paraître. Soit.
Dont acte, et merci donc pour ce moment, Madame. Tout en précisant que je m’obstinerai, car à la vérité, ce que mes amis ont trouvé, je faisais plus que le suspecter…
En revanche, personne ne m’a reproché ni le bien, ni le mal que je disais du livre d’Éric Zemmour. Le bien : un monument d’histoire contemporaine. Le mal : défendre que le suicide français serait de se plier sans résistance aux assauts de résidus de pensée libérale qui auraient survécu (par malheur) à leur traversée de l’Atlantique.
Entendons-nous bien : personne ne peut reprocher à quiconque de ne pas aimer, ou même de détester le libéralisme et les idées libérales. Mais dénoncer des excès de libéralisme, dans un pays où il n’existe aucun libéralisme, ni dans le domaine de la pensée (unique), ni dans celui de l’économie (définitivement encalminée dans les marais réglementaires, administratifs et syndicaux), encore moins dans le domaine politique (pas « d’offre politique libérale » dans la patrie de ceux qui ont inventé le libéralisme), dénoncer donc le libéralisme en France, c’est vouloir expliquer la disparition des Incas par un usage abusif de la pénicilline.
Je croyais résoudre ce paradoxe par un manifeste excès d’amour (déçu) que Zemmour porte à l’état, à la notion même d’état. Une explication bien embryonnaire. En tout cas en regard de celle proposée depuis par l’économiste Charles Gave dont je cite in extenso l’introduction : « Pour moi, il y a la même différence entre le “Libéralisme” et le “Capitalisme de connivence” qu’entre l’amour courtois et la prostitution, et je pensais qu’il en était de même pour la plupart des gens, même vaguement cultivés. Le livre de Zemmour m’a fait comprendre mon erreur. L’auteur ne cesse d’attaquer ce qu’il appelle “le Libéralisme”, alors que ce qu’il a en ligne de mire, c’est tout simplement le capitalisme de connivence. (ie Crony Capitalism) »
Connivence entre les acteurs de l’état, et ceux de la finance et de la grande entreprise, le contraire précisément d’un projet libéral ; mais la lecture (réjouissante) de Charles Gave vous le dira tellement mieux que toutes mes éventuelles paraphrases !
Avec sa conclusion limpide : ce qui fait la mauvaise presse du libéralisme (le vrai) en France, c’est le nombre majoritairement écrasant qui aurait tout à craindre et à perdre de son arrivée. Oui mais ! Mais de quelle connivence soupçonner Zemmour, journaliste indépendant ? Un idiot utile du système qu’on prétend dénoncer ? Idiot, ce n’est certes pas le cas ! Mais utile ? Hé oui, peut-être plus qu’on ne le croit ! À déchaîner la meute des roquets qui jappent à l’unisson sur des questions qui n’ont plus aucune chance de rien changer à notre destin, on trouve, une fois de plus, une fois encore, le moyen d’occulter le seul débat qui pourrait, sinon nous sauver, du moins nous soulager : à quant la fin de la religion socialiste, à quand l’embryon d’un peu de respiration libérale ?
Saint-Martin, le 10 novembre 2014
(Lien vers le texte de Charles Gave : http://institutdeslibertes.org/capitalisme-de-connivence-et-liberalisme/)
0 commentaires