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Vous savez, Donald, il n’est pas seulement stupide, analphabète, républicain et détesté des démocrates américains et des bobos français, il est en outre très méchant. Par exemple, il veut envahir l’état du Panama, assécher le canal du même nom, ou le fermer, cela varie selon les détracteurs…

Pourquoi tant de haine trumpienne ? En 1999, les Américains, qui y avaient consacré des moyens financiers ahurissants, ont confié le canal aux Panaméens, ce qui d’une certaine façon, peut paraître aussi imprudent qu’incompréhensible. Ils y avaient cependant mis certaines conditions, la principale d’entre elles étant que le Panama s’engageait à ne jamais céder la propriété du canal à qui que ce soit. Et sur ce point-là, précisément, Trump n’est pas sûr que les Américains ne soient pas faits cocufier, qui plus est, par les Chinois.

Les Panaméens plaident non coupables, et défendent que le canal soit géré par un organisme public panaméen autonome. Les béotiens dont je suis n’ayant aucune preuve ou même aucun indice qu’il n’en soit pas ainsi.

Donc, pas de Chinois autour du canal ? Difficile à croire : il y a des Chinois partout au Panama, et à tous les étages du commerce, depuis les boutiques dans les endroits les plus sauvages et isolés jusque dans les plus gigantesques zones commerciales si nombreuses autour de la capitale. Et de fait, pas besoin de creuser longtemps pour trouver aussi des Chinois autour du canal ! Le port de Balboa à l’extrémité coté pacifique, celui de Cristobal, du côté atlantique, sont bien, des concessions au PCC. Bon, PCC ne voulant pas dire Parti Communiste Chinois, mais « Panama Ports Company », qui est bel et bien une filiale de « CK Hutchison » du milliardaire chinois Li Ka-shing !

Est-ce important ? Difficile de le nier si l’on tient compte du fait que 40 % des conteneurs américains passent par ces deux ports. Ajoutons à cela que 74 % de la cargaison transitant par le canal est… américaine (21 % pour la Chine, devant le Japon, la Corée du Sud et le Chili).

Les bateaux qui transitent par le canal payent-ils tous le même prix ? C’est ce que défendent les Panaméens. Ce prix est-il trop élevé ? En préalable, notons qu’il est, après les corrections liées à l’inflation, deux fois et demie plus élevé que du temps de l’administration américaine. Ce n’est de fait pas directement un « prix de marché », mais un prix fixé par une administration, un prix administratif. Contrairement à ce que prétendent les Panaméens, ce prix ne correspond en aucune façon à des coûts d’entretien du canal et de ses écluses. Il est beaucoup plus celui d’une estimation ; celle du montant économisé par les bateaux qui utilisent le canal, évitant ainsi le détour par le Cap Horn (temps, énergie, salaires, maintenance et assurance des navires…). Tant que le coût du passage reste inférieur au coût du détour, le canal a des clients, c’est aussi simple que cela.

Il existe une preuve très simple de ce que j’avance. Le canal passe par six monstres technologiques, six écluses. Ces écluses sont fort consommatrices d’eau douce. Quand il pleut moins, l’eau douce peut venir à manquer et donc il faut réduire le nombre des passages de bateaux. Une catastrophe économique pour le Panama ? Pas le moins du monde ! Les prix sont administratifs, la solution aussi : augmentation ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, le nombre de passages peut diminuer, le chiffre d’affaires du canal ne baisse pas, parfois même, il augmente.

Les Panaméens se gavent-ils des fruits du canal offert gratuitement par les Américains ? Pas si simple, j’y reviendrai. Mais dans un prochain billet, pour éviter de trop alourdir celui-ci.

Et nous verrons aussi que l’essentiel n’est pas du tout économique, comme certains détracteurs de Donald se plaisent à le prétendre… et là, c’est une tout autre histoire…

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