Qui est responsable du malheur des peuples ? Leurs dirigeants ? Ou les peuples eux-mêmes ?
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Le texte :

– Vous êtes revenu ?
– Oui. D’une certaine façon, vous aviez au moins un peu raison.
– Oh ! Que voilà une façon bien inquiétante de commencer !
– Vraiment ?
– Bien sûr. Seuls les morts ont raison. Et encore, pas tous.
– Au sujet de la légitimité du président, vous aviez peut-être raison. De plus en plus de voix à s’interroger sur sa santé mentale !
– Je vois ! Inutile par conséquent de revenir sur terre, les imbéciles y sont toujours aussi nombreux !
– D’éminents spécialistes parlent avec insistance de perversion narcissique.
– La grande découverte ! C’en est à pleurer !

– Que voulez-vous dire ?
– Je suis fatigué de me répéter. Mais bon, vous avez fait le trajet, je vous dois bien quelques mots. Le président, pervers narcissique, quel enfoncement de porte ouverte ! A-t-on réaccordé le piano ?
– Il paraît que c’est impossible. Avec le temps, l’armature s’est fragilisée, elle pourrait ne pas résister à un accordage, ou même une simple opération de mise au diapason.

– Pour prétendre jouer sur un piano qui sonne faux, on ne peut trouver que des candidats pianistes narcissiques au point de ne pas s’entendre jouer, et assez pervers pour n’éprouver aucune sorte d’empathie pour qui n’a d’autre choix que celui de les entendre. Changer de pianiste, mascarade et temps perdu. Tous les candidats, sénateurs, députés, hauts fonctionnaires, ne cherchez pas, tous, je dis bien tous, mêmes symptômes, même maladie. Tous partagent la maladie que l’on reproche à un seul. C’est injuste et je le prouve.
– Mais encore ?

– Un patron, un meneur, un chef de guerre…, marche toujours devant, jamais derrière. S’il demande mille pas, il commence par marcher lui-même mille et un pas. S’il faut s’exposer à mourir, il s’expose en premier. S’il faut réduire les rations, eau ou nourriture, il réduit les siennes en premier. Il faut réduire les rations, voilà le nouveau refrain.

Maintenant, combien de politiques et de hauts fonctionnaires ont-ils proposé de diminuer leurs scandaleux revenus, même de quelques centimes ? Tous également sourds et aveugles au malheur qu’ils ont généré et qu’ils vont allègrement prolonger : c’est clair et même aveuglant ! Qui partage les symptômes partage la maladie. Le président n’est pas une exception, comme tant veulent nous le donner à croire. Il est seulement la norme d’une classe criminelle, rien de plus. La perversion narcissique, la marque de fabrique de tous ceux qui gouvernent ou prétendent gouverner, c’est aussi simple que cela.
– Si vous avez raison, quelle solution ?
– Pourquoi voudriez-vous qu’il y en ait une ?

– Sans solution, nous marchons au désastre.
– Le désastre, le destin de tout ce qui vit ; les individus, les groupes sociaux, les pays, les espèces, les races…
– Effrayant !
– Non. Naturel. Et cela ne peut effrayer que quiconque ne sait pas regarder sa propre fin avec sérénité.
– Selon vous, c’est donc la fin ?
– Je n’ai pas dit cela ; la vérité est que je n’en sais rien. Tout dépend du peuple. Que décidera le peuple ? Je ne sais pas. Pour durer, le peuple doit grandir, redevenir adulte. Le peuple attend le sauveur, l’homme providentiel. Pas de sauveur, pas d’homme providentiel. C’est à chacun de se retrousser les manches. On ne peut pas changer le piano ? Mais on peut faire danser les pianistes, et tous les candidats pianistes, au son de la juste colère populaire. Plus de pianistes, que des danseurs, on paye très cher les pianistes, aucune nécessité de payer les danseurs.

– Une révolution !
– Oui. Mais pour faire danser les pianistes et les candidats pianistes, il faut des peuples de lions. Pas de peuples de moutons. Les moutons craignent le loup, mais suivent docilement le berger. Pourtant, le loup ne tuera que quelques-uns d’entre eux, tandis que le berger les liquidera tous. Les peuples moutons sont condamnés par nature.
– Finalement, la seule question, selon vous en tout cas, est de savoir si des moutons peuvent se réveiller lions ?
– Je vous laisse volontiers ce mot de fin.

Quelques sources :

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