Une opinion largement répandue est que l’humanité ne se conçoit pas sans états, et donc sans hommes d’états.
« Les humains ne peuvent se soustraire à l’inégalité, qui est partie intégrante de l’inné et qui les divise entre meneurs et menés. » Le paravent de l’égalité démocratique a-t-il permis de se sortir de cette « malédiction » de Freud ? On sait bien qu’il n’en est rien, et que le paravent peine à cacher que partout dans le monde des minorités héréditaires ou quasi, écrasent sans complexes des majorités que l’on persuade que cet étrange partage du pouvoir n’a d’autre fin que leur bien-être, dirigeants et dirigés nourris au lait du mème freudien.
Mème certes, mais qui, comme tant d’autres, se trouve cependant largement démenti par l’observation scientifique : on sait depuis Claude Lévi Strauss, mais surtout depuis Pierre Clastres que le pouvoir n’existait pas dans les sociétés primitives, les « chefs » n’ayant d’autre rôle que celui de porte-parole du groupe, et ne pouvant en aucun cas dicter leur conduite aux individus. Il est passionnant de remarquer d’ailleurs qu’au sein de telles sociétés, la tentation des « hommes de pouvoir » pouvait se manifester à tout instant, mais qu’elle était irrémédiablement combattue par le groupe, qui chassait ou même tuait qui se montrait porteur de telles dispositions.
Non, Monsieur Freud, le monde ne se partage pas entre dirigeants et dirigés, dominants et dominés, parce que cela aurait une origine génétique ou biologique, mais seulement parce que les uns ont dérobé une part de la liberté des autres, et que ces derniers se sont laissés persuader que cela valait mieux pour tous.
A ce stade, une question se pose : quelles preuves avons-nous que les sociétés dites primitives le soient en effet ? Je vous propose d’en discuter prochainement.
J’attends la suite….
Moi aussi je suis impatiente de lire la suite !