/Opinions eclairées

22 octobre 2019

L’amande amère

Tous les entrepreneurs le savent, et désormais aussi, beaucoup de particuliers : la France est le pays de la pression fiscale.

Mais ce qui se sait moins, c’est que cette pression prend aussi des voies plus détournées.

Je viens d’en faire l’expérience personnelle, à l’occasion d’une faute très grave, je le reconnais publiquement, que j’ai commise l’autre jour. Et puisque cette très grave infraction m’a valu une contravention, autant reprendre les mots de l’administration pour décrire mon péché : « stationnement très gênant sur un emplacement réservé aux véhicules portant une carte de stationnement pour personnes handicapées ».

Prendre une place réservée aux personnes handicapées, quelle honte n’est-ce pas ?

Maintenant, voyons les faits.

L’heure : aucun doute, elle est notée sur la contravention, 19 h 28.

Pas plus de doute sur le lieu : 76, rue du château des rentiers, Paris.

Il faisait nuit, donc. Il pleuvait. Le 76 de la rue du château des rentiers donne sur une supérette. J’avais à y récupérer un sac de courses, qui m’attendait à la caisse.

Le temps d’aller et de revenir, mes feux de détresse en action, et ma porte laissée ouverte. Si quelque handicapé par un hasard extraordinaire s’était trouvé passant par là, il aurait eu au plus à m’attendre un peu moins de trois minutes ! D’ailleurs, il n’aurait pas eu besoin de m’attendre du tout : deux autres places pour handicapés, vides, moins de 10 m devant moi, lui tendaient les bras, ainsi que deux places de livraison, disponibles à cette heure tardive.

Aucun handicapé à m’attendre, chargé de mes paquets, mais une voiture de police, arrêtée à ma hauteur. À l’intérieur, trois ou quatre agents, manifestement jeunes gens au mieux de leur forme physique, n’ont manifestement pas quitté leur siège confortable. Ce qui sottement, m’a rassuré ! Je ne savais pas encore, qu’en France, on pouvait verbaliser, sans même mettre pied-à-terre…

Et j’ai pensé : « bien sûr, ils ne me verbalisent pas, ils voient bien que je ne suis plus tout jeune, et qu’aujourd’hui, freiné par une mauvaise sciatique, je peine à avancer… »

Non, j’avais rêvé. Aucune humanité à attendre du côté de ces messieurs. Ils chassaient, passe un pigeon, ils tirent.

Ah, j’oubliais : le montant de ma punition ! 135 € ! Ce qui vous met tout de même la minute à 45 €…

Ce que je trouve le plus insupportable, ce n’est pas le montant disproportionné de l’amende, mais la dose de moraline dont prétend s’entourer ce qui n’est qu’une taxe ou un impôt le plus.

Je me consolerais peut-être, si je pouvais penser que tout l’argent qu’on me prend permet d’équilibrer les comptes publics, en l’occurrence ceux de la Ville de Paris. Mais ce n’est même pas le cas ! Ce qu’ils nous prennent ne leur suffit pas, il faut en plus qu’ils nous endettent, lourdement ! Voilà pourquoi j’ai l’amande amère…

22 octobre 2019

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