Il faut le dire, on ne le dit pas assez, l’épidémie de coronavirus a montré un aspect inattendu et non moins remarquable et encourageant de la société française : c’est sa solidarité. Solidarité géographique. Solidarité générationnelle.
Le confinement. La réalité du confinement en grande métropole n’a strictement rien à voir avec ce qu’elle peut être en province.
De fait, qu’en grande métropole, le confinement soit largement illusoire est une évidence. Les occasions de rupture de la distanciation sociale étant à l’évidence démultipliées. La rue, les magasins d’alimentation, la pharmacie, les escaliers ou l’ascenseur de l’immeuble, les passages plus ou moins obligés devant les bouches d’aération de bâtiments divers, du métro, les franchissements rétrécis, trottoirs et autres couloirs. Les enfants joyeux, à bout de confinement, qui vous courent dans les jambes. Les sans-abri, qui sont confinés… dans la rue, les mendiants qui continuent de mendier, seulement un peu plus menaçants. Un air « conditionné » dans la plupart des immeubles et lieux publics. Sans oublier certaines parties de la population qui s’exonèrent de toute forme de confinement, comme le prouvent d’innombrables vidéos à ce sujet…
Une évidence largement avalisée par l’ensemble de la population. Et notamment par les populations naturellement mieux protégées. Et qui ont accueilli avec tant de générosité et de compréhension les urbains qui ont pu ainsi se mettre à l’abri, par exemple au sein d’une résidence secondaire.
Bien entendu, le risque était faible, voire nul. Les populations citadines en mesure de prendre le large et donc disposant de moyens financiers certainement supérieurs à la moyenne n’étaient certes pas les plus « à risques ». Et si par extraordinaire elles eussent compté quelques rares porteurs sains ou non, dont la vocation était de toute façon un confinement aussi certain que provincial, quel risque pour les autochtones ?
Cela dit, on aurait pu craindre malgré tout, ici ou là, quelques réactions de « repli sur soi », de « refus de l’autre », de « manque d’ouverture ». C’est le contraire qu’on a vu. Partout, de l’île de Ré aux bords de la Méditerranée, des Alpes aux Pyrénées, la même ouverture d’esprit, le même esprit d’accueil…
Le plus admirable est du côté de ces enfants provinciaux qui se sont disputés pour accueillir leurs vieux parents parisiens ! Bon, c’est vrai, confiner en de telles circonstances de vieilles personnes en milieu urbain, des personnes par définition « à risques », c’est presque comme de vouloir hériter plus vite… Bon, ces enfants jouissent le plus souvent de vastes demeures, permettant un confinement « maison », si nécessaire. Il n’empêche, tant de bonnes volontés, c’est à souligner.
Pardon ? Comment dites-vous ? Cela ne se serait pas exactement passé comme cela ? Faudrait-il croire ce que note Henri Dumas dans un précédent billet : « 90 % de personnes favorables à un confinement qui va dévaster leur économie, face à un virus saisonnier légèrement plus virulent qu’habituellement, dénote d’une peur panique de la mort. »
Au point d’en avoir perdu le sens même de la plus élémentaire solidarité ? Je peine à le croire.
Bormes les mimosas, 6 avril 2020
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