Michel Georgel
Le culte de la pensée claire
Pouquoi ce site ?
Mes débuts
La littérature, aujourd’hui, quelle utilité ?
La question se pose en effet. Lorsqu’enfant, j’ai dit à mes parents que je voulais devenir écrivain, il y a de cela soixante ans, on ne peut pas dire que ma déclaration, d’ailleurs bien timidement affirmée, ait suscité de leur part le moindre encouragement.
« Sottise, dit ma mère, plus personne ne lit. » Et c’était déjà vrai.
« Sottise, dit mon père. Les écrivains avancent en se tortillant. Seules les mathématiques forment l’esprit, voire le caractère. » J’ai toujours détesté les mathématiques. Pas seulement les mathématiques, mais aussi la physique, la chimie… et tout ce qui s’en approche.
« Si tu aimes la littérature, deviens écrivain, me murmura mon grand-père, mais pas trop fort, pour ne pas être entendu de mes parents. »
« Grand-père est écrivain, essayais-je auprès de mes parents. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, qui lui méritent une certaine notoriété, en France, et même à l’étranger[1]»
« Ridicule, trancha mon père. Le métier, c’est ce qui fait vivre. Ton grand-père n’a pas nourri sa famille avec ses livres, mais avec son travail d’ingénieur. L’écriture, un loisir, un passe-temps, pas un métier.»
Fils d’un père ingénieur, lui-même brillant ingénieur, mon père ne concevait pas vraiment pour son fils d’autre carrière que celle d’ingénieur. À la vérité, l’horizon donné à ma jeunesse d’une école d’ingénieur n’avait rien pour me griser, mais je crus trouver une échappatoire en proposant de sélectionner une école qui me parut à l’époque comporter une qualification offrant sa part de rêve : « navale » !
« Attention, double peine, me souffla mon grand-père. Ingénieur, tout de même, et en plus, militaire ! Toi, militaire ? Tu me parais autant fait pour cela que pour être ingénieur !.»
Il avait raison, bien sûr. De l’École navale et de moi, je ne saurais dire lequel a le plus détesté l’autre. Nous avons même envisagé le divorce. Et puis finalement, non, cela ne s’est pas fait, je n’ai jamais réellement compris pourquoi.
À cette époque, j’écrivais du théâtre, ce qui était une évasion comme une autre. Un professeur de la faculté de lettres de Brest, dont j’étais l’élève à temps très partiel, a même fait jouer certaines de mes pièces.
Après, j’ai un peu navigué, et cela oui, j’ai adoré. La vie en mer, les quarts à la passerelle…
Et puis, un coup de canon intempestif ayant considérablement diminué mes capacités auditives, j’ai été réformé ; vous l’avez deviné, cela ne m’a pas réellement désespéré.
Mon parcours
Ensuite, j’ai exercé un nombre respectable de métiers : professeur de toutes les matières sur une île, directeur d’une fonderie, rédacteur concepteur dans une agence de marketing, entrepreneur, fondateur d’un centre de formation, éleveur, éducateur et même… toiletteur de chiens…
Pour autant, je n’ai pas renoncé à la navigation, et avec mon épouse et sur trois voiliers successifs, nous avons d’abord sillonné les côtes atlantiques et la méditerranée, puis, accompagnés de l’aînée de nos petites filles, nous avons pris un grand envol en direction des Caraïbes… que nous avons longuement et passionnément parcourues.
J’ai rédigé une vingtaine de livres en rapport avec l’animal domestique, son éducation, son comportement… puis une trilogie, dite des « chants », imaginant les premiers rapprochements des hommes et des loups…, et plusieurs romans. Et aussi des chansons, des nouvelles[2]…
Avec toujours la même interrogation : conception et pratique de la liberté.
Maintenant, c’est vrai, une littérature dans un monde sans lecteurs, cela peut paraître superflu.
Pour qui recherche la gloire, la notoriété, la renommée, l’argent, des efforts bien souvent stériles.
Il y a pire que les efforts, il y a aussi tout le reste : les compromissions, la chasse fastidieuse aux agents, aux maisons d’édition, aux salons, aux espaces médiatiques… toutes activités, on en conviendra, qui n’ont tout simplement rien à voir avec la littérature. Activités que je n’ai jamais sérieusement envisagées…
Alors, pourquoi avoir fait l’effort de finaliser, malgré tout, des œuvres littéraires ?
Pas d’autre ambition que celle de témoigner. Les écrits resteront peut-être, et même sans doute, au sens propre et terrible, des lettres mortes. Qu’importe ? Ce n’est pas moi qui décide. Moi, j’ai fait ma part.
Ma part ? L’écriture, pour moi, cela va très au-delà des mots et des textes. Les mots et les textes, seulement des outils. Des outils au service de quoi ? De ce que, modestement, je confesse comme mon idéal : l’art et la recherche de la « pensée claire ».
La « pensée claire » : l’harmonie de l’idée et du texte. Rien d’autre.
Je n’ai pas renoncé à la navigation
[1] https://plus.wikimonde.com/wiki/Gaston_Georgel
[2] Pour être complet, j’ajoute avoir au fil des ans commis nombre d’articles traitant de sujets d’actualité, avec en permanence deux préoccupations : ne traiter que de sujets dont il me semblait que personne ne parlait, marier au mieux possible la forme et le fond, articles diffusés sur divers supports, et repris, au moins en partie, sur le présent site.